«Cher ami, je vous confirme, par la présente, notre point de vue sur les conditions dans lesquelles le régime du bénéfice consolidé pourrait être reconduit pour une nouvelle période de dix ans. » Ce 25 mars 1977, Alain Brion, directeur financier adjoint de Total, commence ainsi une lettre adressée à Jean-Philippe Saint-Geours, chef de bureau au service de la législation fiscale du ministère des Finances. Sur trois pages, le cadre dirigeant de la compagnie pétrolière fait la liste des points comptables délicats que l’administration doit trancher avant d’autoriser Total à continuer à être imposé au bénéfice mondial consolidé (BMC). Un régime très favorable qui permet de compenser les bénéfices et les pertes réalisés par ses filiales, y compris celles implantées à l’étranger, afin de calculer l’impôt sur les sociétés à payer dans l’Hexagone. Puis il termine son courrier par un appel (amical) à se presser : « Veuillez trouver ci-joint un projet de rédaction des modalités de l’agrément qui sera accordé une fois tranchés les problèmes en suspens, écrit-il. Je me permets d’insister à nouveau pour qu’une décision rapide soit rendue. Je vous prie d’agréer, cher ami, l’expression de mes sentiments les meilleurs. »
Ah… négocier directement sa feuille d’impôt avec un haut fonctionnaire compréhensif, voilà de quoi faire rêver plus d’un contribuable. Cette situation, Total a pu la vivre pleinement au cours des années 1970. Grâce au vote de la loi du 12 juillet 1965, qui a introduit dans la loi française le BMC, les parlementaires ont
À l’époque, personne n’en a rien su.