Le vent s’engouffre entre les parasols et le carrousel du port de La Rochelle, en Charente-Maritime. L’œil attendri, Alexis, 15 ans, observe des parents accompagner leurs enfants et grimper ensemble sur un cheval. « Moi, j’ai jamais eu ça avec mon père, jamais », lâche-t-il, la mâchoire serrée. Dans sa famille, la violence est omniprésente. « Mes parents ont une relation toxique selon moi et ça a été compliqué de grandir là-dedans. » Entre deux taffes de cigarette, il évoque ses premiers questionnements de genre, vers ses 5 ans, l’incompréhension qui a suivi et sa crainte de décevoir les adultes qui l’entourent. Alors, depuis qu’il a 8 ans, Alexis attend. « Quand j’ai compris que j’étais trans, j’ai eu tellement peur que je l’ai caché pendant quatre ans. Puis, j’ai commencé à en parler. À ma mère, à la psychologue de l’école. Mais ça s’est mal passé. » Sa mère refuse d’aborder le sujet avec lui pendant quatre mois et une personne de son école convoque son père pour lui dire : « Vous savez que votre fille est un garçon au fond ? Qu’elle veut devenir un garçon ? » Son père se lève et part en claquant la porte sans un mot ni un regard pour Alexis. À l’école, le harcèlement dont il est victime s’intensifie. À plusieurs reprises, il se retrouve aux urgences. À cause des coups, des fractures mais aussi après une tentative de suicide. Peu après, les liens avec ses parents se dégradent et il doit fuir le domicile familial.
Un temps déscolarisé, Alexis espère cette année pouvoir reprendre un rythme plus classique et entamer sa transition administrative (lire l’épisode 1, « “J’étais au tribunal pour défendre ma vie” »).