En me baladant le long de la Seine à la recherche de déchets et de leurs histoires, j’ai parfois eu la désagréable impression de marcher dans les poubelles de nos salles de bain, voire tout simplement dans nos toilettes. J’ai, par exemple, pu voir une dizaine de tubes de laxatif et d’applicateurs de tampons en une seule journée de visite sur les rives (lire l’épisode 7, « Les déchets mis en Seine »). Laurent Colasse, grand connaisseur du fleuve et de ses plaies, m’a expliqué que ces tubes sont pour lui « l’un des déchets emblématiques des berges de Seine ». Son association, SOS Mal de Seine, en nettoyant les mêmes 100 mètres de berges plusieurs fois pendant un an près de Berville-sur-Seine (Seine-Maritime), a par ailleurs récolté des milliers de bâtons de Cotons-Tiges.
Mais pourquoi diable ces rebuts sanitaires finissent-ils sur les rives du fleuve ? J’ai trouvé la réponse en enquêtant sur un autre déchet a priori sans rapport : les mégots que les fumeurs inconséquents balancent dans les caniveaux (lire l’épisode 9, « Fleuve sans filtre »). L’explication est simple : une partie de nos eaux usées et des eaux de pluie passées par nos caniveaux finit directement dans les cours d’eau, sans être nettoyée. Notamment quand il pleut beaucoup, et que les trous antidébordement installés dans les canalisations laissent s’écouler une partie du flux dans les rivières et les fleuves, sans passer par la case station d’épuration.
Le Siaap (Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne), le service public qui dépollue chaque jour les eaux usées, pluviales et industrielles franciliennes avant de les rejeter dans la Seine et dans la Marne, n’a pas souhaité répondre à mes questions.