En deux semaines, l’État islamique a revendiqué un attentat à Nice, un autre à Kaboul, deux en Allemagne, et maintenant celui de Saint-Étienne-du-Rouvray, donnant l’impression d’une multiplication forcenée des actes terroristes. Loin des polémiques et de la surenchère sur la meilleure manière d’y répondre, Vanessa Codaccioni, maîtresse de conférences en sciences politiques à l’université Paris-VIII, étudie l’antiterrorisme et les crimes politiques sur le temps long, depuis le XIXe siècle. Le 12 novembre 2015, la jeune chercheuse a publié un ouvrage, Justice d’exception. L’État face aux crimes politiques et terroristes (CNRS Éditions).
Les Jours : Ces dernières années, le terrorisme semblait un phénomène relativement ponctuel, alors que ces derniers mois, voire ces dernières semaines, les attentats se sont beaucoup rapprochés. Est-ce qu’une telle accélération s’est déjà produite ?
Vanessa Codaccioni : Historiquement, il y a toujours eu des vagues terroristes. On dénombre une cinquantaine d’attentats anarchistes entre 1880 et 1914. Puis beaucoup sont liés aux ligues d’extrême droite. Pendant la guerre d’Algérie, des centaines d’attentats, du FLN et de l’OAS, ont lieu en Algérie mais aussi en France. Le 18 janvier 1962, l’OAS pratique 18 plastiquages simultanés à Paris. À la fin des années 60 et tout au long des années 70, des attentats sont perpétrées à la fois par l’extrême gauche - les maos, les Gari et Action Directe - et par les indépendantistes.