Jean-Jacques Urvoas était partout depuis deux mois. Le député PS du Finistère est désormais au centre, nommé ce mercredi matin au ministère de la Justice en remplacement de Christiane Taubira, qui, en désaccord avec la déchéance de nationalité décidée par François Hollande, a démissionné du poste qu’elle occupait depuis 2012.
On lui doit déjà la loi renseignement, adoptée en juillet 2015 dont il avait été le principal artisan. Mais, depuis les attentats, le président socialiste de la commission des lois est une sorte de shiva de l’état d’urgence. Rapporteur de la loi du 20 novembre sur la prolongation de l’état d’urgence, il met en place et préside la commission de contrôle parlementaire de ce même état d’urgence le 2 décembre dernier (lire l’épisode 13).
Exercice périlleux où il défend tour à tour la nécessité de transparence sur les actions menées (il publie les chiffres de toutes les perquisitions et assignations) et la nécessité d’opacité des informations (en janvier, la commission multiplie les auditions non publiques). Avec ses collègues députés, de droite comme de gauche, il constate dès le 13 janvier que l’état d’urgence ne sert plus à grand chose puisqu’il n’y a quasiment plus de perquisitions, ni de nouvelles assignations (lire l’épisode n°19) mais doit défendre sa prolongation.
Dans le même temps, à la mi-janvier, le Premier ministre Manuel Valls, coincé face à des députés socialistes (très) majoritairement opposés à la déchéance de nationalité, confie à Jean-Jacques Urvoas la délicate (et acrobatique) tâche de trouver ce qu’Hollande et lui-même n’ont pas réussi à trouver : une solution pour faire avaler la mesure aux parlementaires.