La dernière fois que Les Jours avaient vu Salima, c’était il y a près de quatre ans, dans un bar de Romainville, en Seine-Saint-Denis, où elle avait ses habitudes. L’ancienne cheffe de rang dans l’hôtellerie, 46 ans alors, roulait depuis peu pour des applications de VTC, les voitures de transport avec chauffeur, et rêvait de monter son entreprise sans trop savoir comment s’y prendre (lire l’épisode 6, « Chauffeur Uber : attention, mirage dangereux »). En 2017, Uber asseyait sa domination sur ce secteur concurrent des taxis dans une ambiance de Far West social. La pieuvre californienne capturait dans ses tentacules les précaires d’Île-de-France alléchés par la promesse de devenir leur propre patron (lire l’épisode 1, « En banlieue, Uber monte dans les tours »). Un phénomène que racontait, de l’espoir à la désillusion, cette série, À l’avant des berlines. En 2020, c’est au tour du Covid-19 de chambouler un marché qui a la malchance de dépendre des activités les plus malmenées par la crise sanitaire : le tourisme, les déplacements professionnels ou encore la vie nocturne. Et ce alors que les chauffeurs, indépendants dans leur grande majorité, n’ont pas accès au chômage partiel en cas de dégringolade de leurs revenus.
« Catastrophe », « C’est mort, mort », « Y’a pas un chat ». Salima, avec sa gouaille toute francilienne, nous brosse à gros traits le tableau du moment. Un résumé brut de ce que la directrice générale d’Uber France, Laureline Serieys,