Dans la vallée de la Roya (Alpes-Maritimes)
Quand Cédric Herrou se lève le 3 octobre, après une nuit à écouter un vent soufflant « à 150 km/h » dézinguer ses olives, il ignore tout du désastre causé par la tempête Alex. Alexandru, un des compagnons de sa communauté Emmaüs Roya créée à l’été 2019 (lire l’épisode 11, « Le retour du super Herrou »), signale juste « quelques arbres pétés ». En descendant son terrain de trois hectares en pente raide, l’agriculteur jette un œil en contrebas, vers le fleuve. Surprise : « La route s’est effondrée. » Un gros morceau de la RD 6204, qui mène de Breil-sur-Roya à Vintimille, en Italie, est arraché. Comment y croire ?
Chargée par la crue de troncs, de rochers et de sédiments, la Roya a pendant la nuit grimpé de cinq ou six mètres, explosé les berges et emporté le bitume. Herrou marche sur quelques centaines de mètres : le pont qui mène vers l’Italie est détruit. Il rebrousse chemin ; même constat : en direction de Breil, la route s’est effondrée. Emmaüs Roya se retrouve prisonnier. Impossible de circuler autrement qu’à pied.
En bas de chez lui, l’accès à la ferme est recouvert par « un mètre cinquante de sable », enseveli sous les éboulis. Seule la voie ferrée qui passe tout près a tenu bon, belle revanche : menacé car jugé non rentable, le « train des Merveilles » est subitement devenu, selon l’expression même du président de la République Emmanuel Macron, « ligne de vie ».