Ne dites pas à Cédric Herrou qu’il incarne le combat de la vallée de la Roya pour accueillir des migrants que l’on vous raconte ici : « Je n’incarne pas. Je suis un porte-parole », corrige-t-il alors qu’il s’apprête, le 19 juin, à entrer dans la cour d’appel d’Aix-en-Provence pour être jugé. Ce mardi matin, à 8 h 30, il y sera à nouveau pour entendre cette fois le verdict des magistrats. Et la justice a du mal avec lui, comme avec les autres « hébergeants » de la vallée : elle ne sait pas trop comment les jauger. À Aix, le magistrat commence par lui demander s’il vit seul. Ça fait sourire dans la salle, où de nombreux soutiens se pressent : au moment du procès en juin, il héberge chaque semaine une centaine de migrants sur son terrain… Puis le juge s’enquiert de sa position. L’éleveur de poules demande la relaxe. Innocent, alors ? Non : « Je ne suis pas innocent, j’ai transporté des gens, j’aide des gens et je continuerai à le faire. » Herrou a cette façon d’être cash. Il dit ce qu’il pense et le président de la cour ne comprend pas : « Vous ne contestez pas l’infraction mais vous demandez la relaxe ? »
C’est que la loi est assez floue. Mais pour l’heure, son interprétation ne va que dans un sens : celui de la fermeture. « On repart un an en arrière », soupirait Cédric Herrou vendredi dernier, alors qu’une quinzaine de migrants était bloquée chez lui. S’ils sortent, ils se font arrêter.