Dans l’idéologie d’Amazon Mechanical Turk, l’emploi salarié doit laisser sa place au travail indépendant précaire.
Son rôle dans la série.
Maître de conférences en humanités numériques à Telecom ParisTech et chercheur associé au CNRS, ce Franco-Italien est une figure très visible de la sociologie appliquée à nos vies numériques. Pédagogue et précis, il a notamment travaillé sur la façon dont chaque internaute accepte, au fil de ses actions en ligne, de céder un peu de sa vie privée en échange de services, puis sur les communautés numériques « pro-ana », c’est-à-dire prônant l’anorexie comme mode de vie.
Le cœur de ses travaux porte toutefois sur le « digital labor », le travail plus ou moins volontaire des internautes. Travail gratuit lorsque nous naviguons sur des plateformes qui monnayent par la suite notre profil à des annonceurs, travail inconscient lorsque nous proposons nos créations graphiques ou artistiques amateur à la foule, microtravail au service des algorithmes et intelligences artificielles sur des plateformes comme Amazon Mechanical Turk. Il a rassemblé ces recherches sur le « digital labor » dans un ouvrage paru début 2019 : En attendant les robots (Seuil).
Par Sophian Fanen
Dans l’idéologie d’Amazon Mechanical Turk, l’emploi salarié doit laisser sa place au travail indépendant précaire.
Sur la plateforme d’Amazon MTurk, les employeurs ne dévoilent pas leur identité. Ni la finalité des microtâches qu’ils proposent.
En vantant un travail facile, souple et à la tâche, le géant américain fabrique des microtravailleurs corvéables et vulnérables.
Les chercheurs Antonio Casilli et Jean-Louis Dessalles sont d’accord : les machines ont encore besoin des humains. Pour le moment.
Sur Amazon Mechanical Turk, ce sont les machines qui donnent des ordres aux humains… pour qu’ils améliorent les machines.