Vendredi, le quotidien « Zaman » a été mis sous tutelle. Journalistes censurés, détenus : en Turquie, Erdogan contrôle les médias.
Son rôle dans la série.
J’avais rendez-vous par une journée de faible neige chez Nazli, en janvier 2016. Un bateau pour la rive turque, puis un taxi qui a tourné, s’est perdu. Au bout d’un moment, comme il devenait fou, il a appelé Nazli, qui a envoyé un chauffeur distingué à notre rencontre. L’éditorialiste habite une grande villa cossue sur les hauteurs du Bosphore. Son mari Kemal possédait le journal Tercuman, dans lequel elle a écrit. Il est mort en 1993, elle a pris la relève, avant de se lancer, fille de ministre, en politique. Élue en 1999 à l’Assemblée, elle a rapidement été déchue, pour avoir soutenue une élue arrivée voilée. Mal vue dès lors par les élites stambouliotes, elle s’est ensuite fâchée avec le pouvoir, en demandant à des ministres corrompus de démissionner. Virée depuis de plusieurs journaux dans lesquels elle essayait de conserver une plume libre, elle guette les initiatives de presse indépendante turques. Elles sont rares.
Par Olivier Bertrand