Suite de la journée avec la CPE. Au menu : troubles du comportement, démocratie directe et pions déboussolés.
Son rôle dans la série.
Difficile de le manquer. Thomas ne tient pas en place. Il arpente le collège en faisant des pas gigantesques liés à la longueur de ses jambes. Il rit fort, a des tatouages sur les doigts, un vocabulaire fleuri et des drôles d’idées. Comme mettre du « gros son » à fond dans les haut-parleurs du collège pour « apaiser » les élèves entre midi et deux, ou faire pousser des plantes grimpantes dans le hall d‘entrée. Thomas est l’un des dix surveillants du collège. On ne dit plus « pion » depuis longtemps. L’appellation officielle de l’Éducation nationale, c’est « assistant d’éducation ». Mais le nom commun, c’est plutôt « surveillant ». « Comme surveillant de prison », résume l’un d’eux. Les élèves les voient différemment. D’ailleurs, parfois, ils disent « animateurs ».
Thomas avait déjà travaillé à Aimé-Césaire l’an dernier. Cette année, il fait seulement un remplacement pour quelques mois. Il faut dire qu’il fait beaucoup de choses à côté. Bénévole à l’association humanitaire de quartier Chorba pour tous, coassocié dans une pâtisserie fine à Bordeaux avec son frère et concepteur d’une émission de télévision sur les formations aux métiers de l’artisanat. Thomas est une sorte de « self-made touche-à-tout ». Après un CAP de coiffure et un autre d’esthétique, il a passé un Deug d’arts plastiques, travaillé dans le luxe et la haute couture, où il fut tour à tour et parfois en même temps mannequin, attaché de presse ou habilleur. Avec Benoit, un autre surveillant, il organise des ventes de crêpes pour financer des sorties d’élèves, acheter des ballons ou des stylos. Il ne s’embarrasse ni du protocole administratif (« Ça me fait chier »), ni donc des protocoles de langage, ce qui lui vaut régulièrement quelques remarques. Il trouve ce travail « harassant et génial ». « J’adore ces gamins. Ils sont vivants. » Thomas a arrêté son travail de surveillant aux vacances de Pâques pour se consacrer à ses autres activités : « On ne peut pas faire ça trop longtemps, c’est tuant. »
Par Alice Géraud
Suite de la journée avec la CPE. Au menu : troubles du comportement, démocratie directe et pions déboussolés.
Au collège, la conseillère principale d’éducation gère les absences, la discipline et la sécurité. Bref, les problèmes.