Corentin : Laura Aupiais est avec nous aujourd’hui, car tu veux nous parler carburant. Mais pas vraiment de pétrole, quelque chose de plus… inhabituel dirons-nous !
Laura : Vous en avez déjà entendu parler, beaucoup de chercheurs et d’industriels parient sur les propriétés naturelles des micro algues pour favoriser la transition énergétique des énergies fossiles que l’on sait épuisables à l’énergie verte.
C : D’autant que ça se fait déjà plus ou moins !
L : Les recherches sur les biocarburants ne datent pas d’hier. On peut fabriquer de l’essence élaboré à partir de céréales, d’huile de colza, de tournesol, de paille ou encore du bois
C : Mais toi, tu me parlais des micro algues. Alors vas-y vends moi de la micro-algue ! Quels sont donc leurs avantages ?
L : Mais y’en a pleins !!!
Premier point, elles n’entrent pas en concurrence avec les terres agricoles et la production de denrées alimentaires.
C : J’avoue que si ça évite de deforester par exemple, c’est mieux.
L :
Ensuite, elles affichent un rendement jusqu’à dix fois supérieur à celui des agro-carburants traditionnels.
Elles ont aussi l’avantage d’être à la fois faciles à cultiver, de nécessiter moins d’espace au sol et d’avoir une croissance rapide.
Et enfin dernier point, l’une des particularités des micro algues, c’est d’avoir besoin énormément de dioxyde carbone pour se développer.
C : Haaaa ! Je crois que je commence à comprendre où tu veux en venir !
L : Ca veut dire qu’on peut recycler le CO² émis par les usines, les centrales thermiques ou le gaz des pots d’échappement des voitures pour diminuer par exemple la pollution urbaine.
Mais ce qui a permis de révolutionner le secteur des biocarburants, c’est qu’une équipe de scientifiques français a découvert une enzyme appelé FAP pour Fatty Acid Photodecarboxylase.
C : Et sans bafouiller, bravo.
L : En fait, les chercheurs se sont aperçus que cette enzyme était photosensible, c’est à dire qu’elle est sensible à la lumière et qu’elle permet de transformer certains des acides gras présents naturellement dans ces algues en hydrocarbure à l’aide de l’énergie lumineuse.
Et l’énergie lumineuse, c’est tout simplement le soleil.
C : Donc si on récapitule, qu’a t-on besoin pour créer du pétrole synthétique à base de micro algues ?
L : Des microalgues dites lipidiques, de l’eau, de sels minéraux et de soleil. En bref, des ressources existantes, gratuites, et inépuisables.
C : Ok... et ensuite comment s’y prend-on ?
L : Elles peuvent être cultivées dans des grands bassins en plein air ou dans ce qu’on appelle des photobioréacteur, c’est-à-dire des grands tubes transparents. La récolte est régulière et ensuite on extrait l’huile avec divers procédés, je ne vais pas rentrer dans les détails car on risque de perdre quelques auditeurs mais il est question de centrifugation et de thermolyse notamment.
Ensuite, on transforme l’huile extraite en biocarburant. Un biocarburant qui conviendrait à tous les usages du pétrole classique aussi bien dans le secteur de l’énergie que de la chimie.
En plus, dans la composition de ce pétrole issu d’algues, il n’y a pas d’atome d’oxygène et qui dit pas d’atome d’oxygène, pas besoin d’être dilué avant d’être utilisé. Par conséquent, une étape en moins.
Et c’est pour tout cela qu’on appelle dorénavant les micro algues : l’or vert.
C : Quand est-ce qu’on va voir ça arriver ?
L : Certains chercheurs pensent que ça se fera d’ici 15 à 20 ans. Après, ça dépend beaucoup des investissements de la part des industriels et des pouvoirs publics afin de favoriser la transition énergétique.
Si on découvre de nouveaux gisements d’hydrocarbures notamment les gaz de schiste et bien on assiste à un ralentissement des investissements. Donc beaucoup d’incertitudes. D’autant plus que pour le moment ça coûte beaucoup plus cher de fabriquer du pétrole synthétique que d’extraire du pétrole classique.
Même si à Nantes et ce depuis 2015, il existe la plateforme Alyosolis de l’Université de Nantes qui se penche sur les questions de coût de production.
C : Bon, à t’entendre ça n’a pas l’air d’être pour demain, quoi.
L : Eh non… les biocarburants à base d’algues, ce n’est pas pour toute de suite, tout de suite.
Par contre, l’utilisation de ces dernières pour diminuer la pollution, ça on peut déjà le voir et ça augure du bon.
Je peux donner l’exemple de Paris qui, grâce à une célèbre entreprise française axé sur l’énergie, s’est servi des colonnes de Morris pour mettre en place un puit de carbone où sont cultivées les micro algues.
BFM Paris, en avait même parlé dans un reportage en mai 2017.
[Son BFM]
Si ça vous intéresse, vous pouvez les voir dans le XIVe vers Alésia.
L’air ambiant chargé de CO² et de dioxyde d’azote et digéré par les algues et l’air rejeté est moins nocif et contribue à réduire la pollution.
On est encore au stade expérimental mais on a de grandes chances de voir ce dispositif emplir nos rues rapidement. Même si on ne roulera pas immédiatement à la micro algue.
C : Une micro algues avec un méga potentiel pour réduire notre empreinte carbone pour résumer. Merci Laura ! Et à très vite.
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