Des milliers de réactions et de partages sur les réseaux sociaux, un ancien ministre qui vient mettre son grain de sel et un député qui annonce vouloir « saisir à la rentrée le gouvernement d’une question écrite ». Diantre, cela ressemble à une affaire d’État. Dans ce cas, baptisons-la comme il se doit, nommons-la le « #briedeMeauxgate ». De quoi parle-t-on ? D’une photo partagée il y a quelques jours sur Twitter par un avocat amateur de bonne bouffe et de vins naturels. On y voit l’étiquette d’un brie de Meaux vendu chez Monoprix qui serait « fabriqué et affiné en Espagne ». En bas de l’étiquette, un macaron « AOP », pour « appellation d’origine protégée ». Pour mémoire, ce label européen « désigne des produits qui ont été produits, transformés et élaborés dans une aire géographique déterminée, en mettant en œuvre le savoir-faire reconnu de producteurs locaux et des ingrédients provenant de la région concernée ». Pour le brie de Meaux, l’aire est assez étendue, mais quand même pas jusqu’en Espagne.
Ça fait tache et il n’en fallait pas plus pour que des lecteurs des Jours demandent l’avis de Bioman sur cette sombre affaire. On a d’abord contacté Monoprix pour avoir des explications. Réponse de leur service de presse national : « Pour le fromage à la fraîche découpe, les magasins font leurs étiquettes eux-mêmes à partir d’un fichier Excel. Là, il y a eu une erreur de codification. Ce n’est jamais agréable bien sûr, mais c’est sûr que ce brie de Meaux ne peut pas venir d’Espagne. » Ouf, ce serait une simple erreur de traitement informatique. On a tout de même voulu vérifier d’où venait ce brie. Sur l’étiquette, on trouve la mention « demi affiné Collet ». Une simple recherche Google nous amène sur le sympathique site internet institutionnel « Émilien fromages », qui fait l’article pour plusieurs fromageries, dont André-Collet à Raival (Meuse), qui a produit ce brie à plus de 200 kilomètres de Meaux. On y apprend qu’il s’agit d’une très vieille et très noble maison, ou encore que le fromage demi affiné se prépare entre 28 et 35 jours.
Il y a quand même un truc qui cloche (à fromage, hihihihi). Ce site et ses photos ont autant de cachet que la rue commerciale d’un village touristique français en plein mois d’août : autant dire pas beaucoup.