Après le « souping » et le « juicing » (lire l’épisode 1, « Casse-tête dans mon assiette »), la dernière tendance en « ing » dans le monde du bien manger s’appelle le « batch cooking ». Cette méthode est un peu à la cuisine ce que le KonMari est au rangement : un mélange de conseils malins, de principes d’art de vivre et de développement personnel. Littéralement, le batch cooking se traduit par « cuisiner en lots ». La promesse, c’est qu’avec cette méthode, vous allez cuisiner une seule fois le week-end pour l’ensemble de vos repas de la semaine. Au moins quatre livres sont sortis sur le sujet récemment en France. Votre dévoué Bioman a décidé de tester ces différentes méthodes. Cela a consisté à chaque fois à suivre une liste de courses longue comme le bras, puis à réunir l’ensemble de mes contenants alimentaires pour y conserver ce que je vais cuisiner. Les livres imposent alors une série de gestes à faire dans un ordre bien précis, ce qui permet de rationaliser au maximum son temps.
Parfois, c’est basique, comme éplucher en même temps plein de légumes pour différents plats. On garde l’économe à la main, ça va plus vite. Mais souvent, on se retrouve à faire plusieurs choses simultanément : une pâte lève dans un saladier, une soupe mijote dans une casserole, un gratin grille au four et vous mélangez pendant ce temps les ingrédients d’une future sauce soja-cacahuètes. Le tout dure prétendument deux heures, c’est-à-dire pour moi, en général, au moins trois heures trente. L’activité est très prenante, physiquement et mentalement. Mais on termine avec l’impression d’avoir fait quelque chose de concret, de bien, et surtout de l’avoir fait de A à Z. C’est tout simple mais ce n’est pas si fréquent dans nos vies modernes.
On a aussi le sentiment d’appartenir à la famille des gens qui mangent bien et fait maison. Une famille de plus en plus réduite en France. Aujourd’hui, nous cuisinons en moyenne 53 minutes chaque jour, soit 30 % de moins qu’en 1986. Nous consommons 35 kg de sucre par an, contre 1 kg en 1850. Et la consommation de plats préparés a augmenté dans notre pays de 4,4 % par an depuis 1960. En « batch cookant », vous allez à rebours de ces tendances et c’est très satisfaisant. Et c’est sûrement bon aussi pour votre santé, vu qu’il est maintenant avéré que les produits ultratransformés ont un impact néfaste sur notre santé.
J’ai l’impression que la cuisine est devenue soit un loisir pour certains, soit une contrainte pour tous les autres […]. Alors que la cuisine, c’est normalement un temps social, c’est prendre soin de sa famille.
À la fin de ma série de tests, nos confrères de Brut ont publié une vidéo.