Ça commence par un gros « Pffff ». Un soupir accablé. Des commentaires désabusés. Coline, aide-soignante : « Ça monte de partout, non ? » Pauline, dans la mode : « Je vois bien que ça s’envole. Le café que je prenais, bio et éthique, a franchi la barre des 4 euros. Stop. J’ai changé de marque. » Gwen, au foyer : « Mais tout augmente. Les légumes, les gâteaux… Il n’y a que quand la moutarde est revenue que je n’ai pas fait attention au prix. J’en voulais. » Renaud, son compagnon, dans la banque : « On en est facile à une augmentation de 10 %, non ? C’est dingue. » Comme la majorité des Français, le petit panel de mangeurs dont Les Jours scrutent les frigos (lire l’épisode 1, « Frigo, ouvre-toi ! ») se sent matraqué par l’inflation : 6,2 % d’envolée des prix à la consommation sur un an, selon le dernier relevé de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques). Or, dans le rôle des boosters, on trouve les prix de l’énergie, ceux des produits manufacturés… et ceux de l’alimentation. Oui, il y a le feu aux paniers. Et ce, dans des proportions vertigineuses : 11,8 % au global et un bon gros 16,9 % pour les produits frais. À se demander ce qui ne s’envole pas… et de quoi suspecter quelques vilains filous de jouer à la « réduflation » en réduisant en douce les quantités.
Dans le détail, à lire le tableau de bord de l’évolution des prix en octobre 2022 (par rapport à octobre 2021) dans 60 millions de consommateurs, on tombe du chariot. Prêts ? Voici le top 5 des produits les plus inflationnistes : viandes surgelées (+28,6 %), pâtes (+20,4 %), huile (+19,3 %), beurre et crème (+16,6 %), œufs (+14,9 %). Détail qui tue : le papier hygiénique prend plus que ses aises avec une hausse de 17,9 %. Et ça, c’est vraiment la fin de l’opulence.

Comment faire face ? S’époumoner « Patron, une augmentation ! » ? Se mettre au régime ? Les mangeurs des Jours, comme tous les Français (hors les plus aisés), cherchent à s’adapter. À une vitesse qui surprend les instituts qui scrutent de près les consommateurs. Et avec « un sentiment régulier de restriction » (44 %), selon le Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie), qui vient de publier une étude de fond sur notre « sobriété contrainte ». Après avoir réduit leurs déplacements,