En France, l’usage des armes par les forces de l’ordre est considéré comme un sujet sensible, sur lequel les autorités ne s’étendent pas. Très peu de données sont rendues publiques. Depuis 2012, la police nationale dispose pourtant d’un outil centralisé, qui recense tous les tirs effectués par ses agents avec leur arme de service, mais aussi avec les armes longues, les lanceurs de balles de défense (LBD), les pistolets à impulsion électrique (Taser) et les grenades de désencerclement. Ce grand fichier s’appelle « Traitement relatif au suivi de l’usage des armes » (TSUA). Après chaque tir (y compris accidentel ou hors service), le fonctionnaire doit remplir une fiche détaillée sur l’intranet de la police. Il indique les circonstances – date, heure, lieu, contexte, position des uns et des autres –, le nombre de munitions tirées, les éventuelles blessures infligées. Une fois validé par sa hiérarchie, ce compte-rendu est transmis à l’IGPN, la police des polices. Le fichier TSUA représente une mine d’informations, jalousement gardée par l’administration. À notre grand désarroi.
Lors de sa dernière conférence de presse annuelle, en avril 2018, l’IGPN a esquissé un bilan (oral) de l’usage des armes à feu par la police au cours de l’année précédente. Elle ne le fait pas tous les ans (et jamais par écrit), nous obligeant à nous replonger dans des rapports épars, tantôt parlementaires, tantôt confidentiels, pour reconstituer le graphique ci-dessous.