Mis en place dans les mairies lors de la crise des gilets jaunes, les cahiers de doléances sont désormais loin des regards, dans les archives départementales. Coups de gueule, idées, encouragements : les citoyens y interpellent Emmanuel Macron. Cet été, tous les midis, « Les Jours » vous en partagent un extrait, brut.
«Je réside depuis plus de quatorze ans à Saint-Étienne-la-Geneste. Le calme et la qualité de vie sont les atouts indispensables pour bien vivre. Mais, il y a toujours un “mais”. Pour mériter ce bien-être, il faut payer et maintenant nous le payons cher. En effet, la désertification des services publics entraîne et nous force à prendre la voiture pour un oui ou pour un non. Pour faire simple, le premier bureau de poste (ouvert que le matin) est à 10 km aller-retour ainsi que l’épicerie. Pour faire les grosses courses, nous devons faire plus de 30 km aller-retour, pour les stations essence c’est la même chose. Les médecins sont également à plus de 30 km aller-retour ainsi que les pharmacies et certains spécialistes. Sinon il faut aller à Tulle, à Brive, à Clermont-Ferrand ou même Limoges. Le pire, c’est l’ophtalmologiste qui prend assez vite “trois mois d’attente environ” et l’on doit aller dans le Cantal. Et en plein hiver, c’est dangereux et contraignant. L’hôpital le plus proche est à 30 km sinon c’est également dans les grandes villes, situées entre 100 et 150 km.
Vous comprendrez qu’avec un litre de carburant à plus de 1,60 euro, les déplacements coûtent chers alors nous sommes contraints de les limiter au détriment des sorties et des balades dans le département. Pour le chauffage, c’est pareil. Nous avons fait installer une chaudière au fioul qui date de quatorze ans et qui marche très bien, donc aucune possibilité de changer par manque de moyens et surtout pourquoi changer un appareil qui marche ! Je sais que nous sommes dans un système de consommation à outrance mais c’est aberrant d’être obligé d’investir alors que nous avons des difficultés pour finir les fins de mois.
Les fins de mois, parlons-en. J’ai travaillé une grande partie de ma vie avec trois enfants à la maison. Pour des raisons médicales, j’ai été obligée de travailler à temps partiel quelques années. Puis je suis tombée malade, je recevais des indemnités à hauteur de 50 % de mon dernier salaire donc 557,70 euros brut mensuel, soit 521,40 euros net donc une retenue de 36,30 euros soit 6,51 % (RDS et CSG). Après plusieurs mois et plusieurs contrôles du médecin-conseil, celui-ci m’a mis en invalidité et je reçois une pension de 714,91 euros brut soit 649,86 euros, donc une retenue de 65,05 euros soit 9,01 % (CSG, contribution règlement de la dette, contribution solidarité à l’autonomie). Comment vivre avec cette aumône ? Si vous avez des solutions, je suis preneuse car je ne suis pas la seule dans ce cas.
Votre peuple souffre, les actifs, les retraités, les malades, les personnes en situation de handicap, les chômeurs, les SDF… Comment au XXIe siècle peut-on avoir de telles situations de pauvreté dans un pays “riche” qui culpabilise les demandants en brandissant la hausse de la dette du pays ? Et oui, si nous endettons le pays c’est de notre faute. Marche et tais-toi ! Et bien non monsieur le Président, il va falloir une refonte du système et ne pas privilégier toujours les mêmes, ceux qui se gavent et qui en redemandent encore et encore. Nous voulons juste vivre correctement et si notre pouvoir d’achat augmente, le pays s’en trouvera bien mieux car nous consommerons comme tout le monde, ce qui créera des emplois et des dividendes pour l’État. C’est pas compliqué à comprendre quand même. Un peu de reconnaissance n’est pas trop demandé, je pense. Alors oui, je soutiens les gilets jaunes qui défendent les intérêts de tout votre peuple. »