Heavy méthane
Fin du monde. Chaque midi, « Les Jours » vous offrent une mauvaise nouvelle. Aujourd’hui, un gaz qui fait boom.
C’est une belle enquête menée la semaine passée par le Los Angeles Times, au sens Agatha Christie du terme
Alors, en salle de garde à vue, commençons les présentations du suspect
Nom : « Méthane », connu aussi sous le sobriquet de « CH4 »
Profession : gaz à effet de serre facteur de changement climatique
La nature des charges ? Le niveau de méthane dans l’atmosphère a cessé d’augmenter il y a une vingtaine d’années, avant de recommencer à grimper en 2007… pour une raison mystérieuse
Depuis 2014, il connaît même un boom, documenté par une récente étude menée par Euan Nisbet, du collège Royal Holloway de l’université de Londres
Suivons pas à pas les investigations du quotidien américain
D’abord, si le méthane est produit naturellement par la décomposition d’animaux ou de végétaux – dans les zones humides, notamment –, la moitié des émissions sont du fait de l’homme : fuites des puits de pétrole et de gaz, exploitation de mines de charbon, élevage bovin, etc.
L’article du Los Angeles Times rappelle ensuite que si le CO2 reste plus longtemps dans l’atmosphère, le méthane a un potentiel de réchauffement global environ 30 fois plus élevé
Depuis la révolution industrielle, il est d’ailleurs responsable pour un tiers de la hausse des températures mondiales
Mais alors, quelle est la cause du récent boom ?
Pour le savoir, sortons une balance, car certaines molécules de méthane pèsent plus que d’autres : or, dernièrement, le poids moyen de ce gaz dans l’atmosphère a baissé
Cela met sur la piste des zones humides et des bovins, émetteurs de méthane « léger »
Et disculpe par là même les énergies fossiles, productrices de méthane « lourd » ? Pas si sûr : les estimations mondiales tendent plutôt à montrer une hausse de leur sympathique contribution
Alors, inspecteur ? Alors, l’agriculture sur brûlis, génératrice de méthane extralourd, étant en recul dans les pays en développement, cela a pu orienter les chiffres généraux à la baisse… et cacher la hausse des émissions liées au pétrole, au gaz, au charbon…
Reste une possibilité, évoquée par la journaliste Julia Rosen : que les sols et les sédiments de l’Arctique aient commencé à libérer des quantités énormes de méthane à la faveur de la fonte du continent
Un désastre
À demain (si on tient jusque-là).