Le changement climatique, une bombe à retardement ? Une bombe atomique plutôt. Plus de 90 % de la chaleur piégée par l’effet de serre depuis 1871 est absorbée par les océans. C’est la conclusion d’une récente étude de l’université d’Oxford.
Or, cette énergie sous-marine gigantesque entraîne l’élévation du niveau de la mer et rend les cyclones plus puissants. Le quotidien britannique The Guardian s’est « amusé » à traduire ce chiffre en bombes d’Hiroshima.
Résultat : 1,5 bombe atomique par seconde en moyenne depuis 150 ans. Et depuis 1990 ? Trois bombes d’Hiroshima par seconde, boom des émissions de CO2 oblige.
En ce début d’année, les Samoa sont sur les dents… ou plutôt sur les mandibules. Les îles voisines des Samoa américaines ont récemment découvert des fourmis de feu (Solenopsis invicta) sur leur territoire. Or, cette bestiole à la morsure très douloureuse est particulièrement invasive : elle détruit oiseaux, lézards, tortues…
Pire, c’est une pro pour profiter des vides de biodiversité laissés par les catastrophes naturelles. En septembre dernier, après l’ouragan Florence aux États-Unis, on a ainsi repéré… des radeaux de fourmis de feu.
Coup de chance pour l’espèce, l’homme a créé le changement climatique, qui accentue la puissance de cyclones et donc la prolifération de notre nouvelle amie. Oui, tout est lié.
Bien sûr, il n’y a plus d’essence, plus d’électricité. Bien sûr, il y a une pandémie. Pourtant, l’effondrement de la civilisation n’est que l’arrière-plan de Dans la forêt, presque un hors-champ.
Roman d’apprentissage à suspense, robinsonnade sans île, chronique douce-amère d’une sororité, fable environnementale vénéneuse… Cette dystopie signée de l’Américaine Jean Hegland est d’abord l’histoire d’une rencontre. En Californie du Nord, dans la maison familiale, deux sœurs adolescentes, doivent survivre et vivre avec la forêt toute proche. Leur mère la disait dangereuse, elles la découvrent équivoque, mystérieuse et nourricière, hospitalière malgré elle.
Que Nell tourne des pages, qu’Eva danse sans musique, qu’ensemble elles plantent des graines ou remplissent des bocaux, le lyrisme tenu de l’auteure touche juste. Pour les deux héroïnes, il ne s’agit pas de ne faire qu’une avec une nature idéalisée, il est question, simplement, de ne pas l’ignorer. Car « la forêt de Jean Hegland n’est ni hostile ni accueillante, elle est », écrit dans la revue Terrestres Corinne Morel Darleux.
Extrait :
« J’ai étudié la botanique. Je m’y entends en morphologie et physiologie végétales. Je sais comment les plantes poussent et comment elles se reproduisent. Je sais identifier une cellule végétale au microscope, dresser la liste des réactions chimiques qui provoquent la photosynthèse. Mais j’ignore le nom des fleurs que nous avons déposées sur la tombe de notre père. J’ignore le nom des mauvaises herbes que nous arrachons du potager ou même quel type de feuilles nous utilisons en guise de papier toilette.
Je sais reconnaître le sumac vénéneux. Je sais distinguer un sapin d’un séquoia. Mais tous les autres noms – latins ou indiens ou usuels – m’échappent. Je suis même loin de deviner quelle plante est comestible ou à quoi d’autre elle peut servir si elle ne l’est pas. Ce buisson, dis-je, cette fleur ou cette mauvaise herbe. Et comment des buissons ou des fleurs ou des mauvaises herbes peuvent-ils nous nourrir, nous vêtir, nous guérir ?
Comment ai-je pu vivre ici toute ma vie et en savoir si peu ? »