À Nantes (Loire-Atlantique)
Elle entre, s’assoit sur le banc des parties civiles, les cheveux retenus par une pince crabe, le dos légèrement courbé. Elle écoute attentivement, serre son sac à main fort contre son flanc, lance des regards appuyés à l’avocat de son conjoint. Michel G., le père de son fils, détenu à Rennes dans le cadre d’un autre dossier, est sous contrôle judiciaire pour l’avoir frappée à plusieurs reprises en 2021. Il n’a pas le droit d’entrer en contact avec elle, mais elle est là, ce 22 mars 2022. Le tribunal de Nantes examine la demande de lever des obligations de ce contrôle judiciaire. Elle soutient cette demande. Elle ne dit qu’une phrase à la présidente : « J’ai pris un avocat au début mais j’ai tout arrêté, comme je veux tout retirer. »
Pour Noël, dix jours après son arrestation, Michel a eu droit de venir déposer les cadeaux à la maison. Le 26 décembre, sa compagne a retiré sa plainte. Michel a réinstallé ses affaires à leur place avant de se faire arrêter pour conduite en état d’ivresse sur les routes bretonnes, en février. Depuis, elle espère. Elle attend Michel comme d’autres attendent Laurent, Abdoulaye ou Jean-Claude, des prévenus qui sont passés devant nos yeux par cette procédure si mal connue de la comparution immédiate, la « compa », la « CI » (lire l’épisode 1, « Sur les bancs de la justice du quotidien »). Inlassablement, dans tous les tribunaux, sans distinction de régions, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, l’histoire se répète.
Entre 2011 et 2018, en moyenne 295 000 personnes dont 213 000 femmes ont déclaré subir des violences conjugales.