«Madame la procureure, avez-vous d’autres réquisitions ? Non ? Dans ce cas, l’audience est levée. » Plusieurs heures ont passé, le jour commence doucement à tomber sur Lille, Nantes et Guéret. Tout l’après-midi, les dossiers de comparutions immédiates se sont enchaînés. Et le président termine toujours par ces mots. L’audience a parfois duré trois heures, parfois huit. Mais justice a été rendue. Dans la salle, la greffière
De ces audiences, de ces dix tribunaux, des huit épisodes précédents, Les Jours peuvent également tenter de tirer un bilan. Nous avons suivi trente-sept dossiers de A à Z. Ils contenaient plus de vingt-cinq infractions différentes
Trente-sept affaires, pour quarante-deux auteurs. Et ce n’est pas un hasard si le nom est au masculin. En onze audiences, Les Jours ont rencontré une seule femme parmi les prévenus. Rien d’aberrant : selon le ministère de la Justice, elles ne représentaient que 16,5 % des auteurs d’infractions pénales en 2020. Celle qui, sans le savoir, représente la gente féminine dans cette série est apparue à Lille, le 8 mars 2022 (lire l’épisode 4, « En comparution immédiate… un an plus tard »). Un long gilet en laine épaisse écrue lui recouvrait le corps, tandis que ses cheveux de geai coupés au carré lui encadraient le visage. Corinne L. n’est pas restée longtemps dans la salle : vingt-deux minutes. Pour préparer au mieux sa défense, la quadragénaire a demandé un délai. On lui reprochait d’avoir menacé de tirer sur ses deux filles avec un pistolet d’alarme, puis un taser. Leur présence à son domicile était exceptionnelle. Depuis 2013, date de la séparation avec le père, et le début du cancer du pancréas de Corinne L., qui s’est désormais généralisé, les enfants n’ont quasiment plus de contact avec leur mère. Mais ce 3 mars, la plus jeune, mineure, avait fait le déplacement. L’aînée, majeure, était venue la chercher.