Comment ne pas céder au charme du jardin botanique d’Yves Rocher ? Situé dans le joli village morbihannais de La Gacilly (4 000 habitants), berceau de la multinationale, il dégage à la belle saison un parfum irrésistiblement bucolique. Sur « 55 hectares de champs bios, précise la firme, bleuet, arnica, camomille et bien d’autres plantes sont cultivés avec passion avant d’être transformés en puissants actifs pour vos produits préférés ». Bien entendu, au cœur de l’hiver, le spectacle est un peu morne. Les passionnés de cosmétique se rabattront avec profit sur deux sites voisins, intéressants toute l’année : la raffinerie de Donges, en Loire-Atlantique, et les abattoirs de Ploërmel, dans le Morbihan.
Peu glamours, ils sont néanmoins emblématiques de la filière, au même titre que les champs de fleurs, voire davantage, car ce n’est pas avec 55 hectares de champs bios qu’on fournit l’Europe entière en produits cosmétiques. Au fond de votre pot de crème, qu’il vienne de chez Yves Rocher ou d’ailleurs, il y a presque toujours un vapocraqueur. France, Allemagne, Japon, États-Unis : les grandes puissances du petit pot sont toutes des poids lourds de la chimie et de la pétrochimie. Elles irriguent la cosmétique en substances qui ne poussent pas dans les champs : triéthanolamine, bentonite, dipotassium glycyrrhizate, éthylhexylglycérine…
Ces molécules de synthèse concurrencent depuis le XXe siècle les sous-produits d’abattage, base plurimillénaire des crèmes beauté.