Paris, rue du Faubourg-Poissonnière. Enclavé dans la ville trépidante, le rayon cosmétique de la boutique La Vie claire est calme et reposant comme un champ de coquelicots au soleil de printemps. C’est presque à regret qu’il faut déranger la vendeuse. L’enseigne, acteur historique du bio, commercialise une huile de ricin « végétale biologique première pression à froid », comme soin des ongles et des cils. L’huile de ricin, précise l’emballage, « est reconnue dans le monde entier pour ses précieuses qualités nutritives ». Nutritives ? Interrogée, la vendeuse plisse les yeux de méfiance. Encore un client difficile.
Le dialogue est laborieux :
« J’ai une question par rapport à l’huile de ricin. Vous savez, ça s’appelait l’huile de castor, dans le temps.
Pas de test sur animaux, pas de graisse animale. C’est sans castor.
C’est très dangereux, non ?
Les castors ?
Le ricin. Vous connaissez Breaking Bad ? »
Pour ceux qui ont raté la série, le personnage principal de Breaking Bad utilise la poudre de ricin comme poison, pour se débarrasser de ses adversaires. Vérification faite, l’huile de ricin ne contient pas la molécule toxique appelée la ricine, du moins si elle est préparée dans les règles. Parler de ses vertus nutritives reste paradoxal, mais La Vie Claire ne met pas la santé de ses clients en danger.
Difficile d’en dire autant de toute la filière des cosmétiques naturels ou bios. Une fois par mois en moyenne, l’un d’entre eux fait l’objet d’un rappel européen. En octobre 2016, c’était une crème solaire de la marque Acorelle. Soit disant indice 30, elle ne contenait en réalité aucun filtre solaire. En décembre, il s’agissait d’un gel à l’aloe vera de la marque Agovie, trop chargé en conservateurs allergènes.