Son analyse est toujours fine. Épidémiologiste et biostatisticienne, Catherine Hill nous avait accordé un long entretien en début d’année, où elle dénonçait le manque de stratégie autour de la politique de tests en France. Celle qui a notamment contribué à soulever le scandale du Mediator, en appui de la pneumologue Irène Frachon, réagit pour Les Jours aux annonces récentes du président de la République (lire l’épisode 8, « Le passe partout, une clé pour Macron »), notamment la mise en place imminente du passe sanitaire et des tests payants à l’automne prochain.
Le variant Delta, plus contagieux, et la quatrième vague qui commence en France pouvaient-ils être anticipés ?
C’est aléatoire. On ne peut jamais savoir quand un variant plus contagieux émerge. Le virus mute, de temps en temps, il tombe sur un bon filon et il prolifère. C’est comme si vous recopiiez un texte plusieurs fois avec des coquilles. Si cette mutation donne au variant une propriété qui le rend plus efficace, il va gagner du terrain sur les autres. Mais de toute manière, nous n’avons jamais rien maîtrisé en France dans cette épidémie. Nous avons choisi de vivre avec le virus, ce qui signifie que nous mourons avec le virus.
Pour l’instant, le nombre de morts n’augmente pas chez nous, mais il est en hausse au Royaume-Uni. La France devrait suivre.
Où en est-on de cette quatrième vague ?
Tous les jours, plus de personnes arrivent à l’hôpital, ainsi qu’en réanimation. Les chiffres grimpent très vite. Pour l’instant, le nombre de morts n’augmente pas, mais il est en hausse au Royaume-Uni. La France devrait suivre, avec un léger décalage. Seule la vaccination peut nous permettre d’enrayer l’épidémie. Le variant Delta contamine surtout les personnes non vaccinées.

La vaccination s’accélère depuis les annonces d’Emmanuel Macron la semaine dernière : l’immunité collective est-elle en bonne voie ?
Il faut regarder les chiffres de vaccination par âge. Cela n’a aucun sens de regarder tous âges confondus. À la mi-juillet, 86 % des 75 ans et plus avaient eu leur première dose ; 88 % des 65 à 74 ans ; 78 % des 50 à 64 ans ; 59 % des 30 à 49 ans ; 52 % des 18 à 29 ans ; 18 % des moins de 17 ans. Donc nous avons déjà pas mal de monde en cours de vaccination, d’autant que beaucoup de rendez-vous ont été pris ces derniers jours. Dans une semaine, ces chiffres se seront encore améliorés.