Depuis l’annonce à l’été 2016 de la suppression de 5 000 emplois chez SFR, soit la bagatelle d’un tiers du personnel, les deux syndicats majoritaires, Unsa et CFDT, avaient conservé des relations relativement polies avec la direction du groupe, malgré une situation régulièrement qualifiée en off de « catastrophique ». Après avoir validé l’accord dit « New Deal » actant ces suppressions, ils ont « accompagné » le plan de départs volontaires officiellement ouvert l’été dernier en veillant « à ce que les conditions soient les plus avantageuses pour ceux qui partent comme pour ceux qui restent » et « permettent d’assurer le développement de l’entreprise », dixit un responsable syndical. Quand bien même ça chauffait en interne, ils n’ont donc jamais sorti l’artillerie lourde : ni prises de position publiques, ni mobilisation des salariés (lire l’épisode 1, « Le plan D comme discret »). Mais le ton semble changer dans ce policé empire Drahi. Selon les informations des Jours, l’Unsa et la CFDT ont en effet décidé ce mardi de saisir la justice pour dénoncer des violations « graves et réitérées » aux accords signés avec ces deux organisations syndicales – la CGT et la CFE-CGC avaient refusé de signer ces accords.
Les élus ont fait part à la direction de leur effarement sur la méthode adoptée, et plus encore sur les conséquences sociales de projets non respectés, remplacés par des décisions prises à la va-vite.
La moutarde est montée lors du dernier CCE, entamé les 24 et 25 janvier, suspendu, puis poursuivi ce mardi 6 février. Lors de ce comité, la direction devait présenter les « livres 2bis », c’est-à-dire la suite de ce plan social qui n’aime pas dire son nom et les projets de réorganisation qui en découlent. Projets que Patrick Drahi doit d’ailleurs présenter en grande pompe fin février, soit quelques semaines avant la stratégique publication des résultats du groupe, le 15 mars prochain. On ne sait pas si les médias et les marchés seront conquis.