Lorsque nous avons proposé à Kamel Daoudi de devenir un « personnage » récurrent de cette obsession sur la justice antiterroriste, c’était pour l’expérience qu’il en avait. Celle de la génération précédente. À 42 ans, Kamel Daoudi n’a pas été condamné pour être parti faire le jihad en Syrie, mais en Afghanistan, avant le 11 septembre 2001. Il a été déchu de sa nationalité française, alors que la constitutionnalisation de cette mesure a fait l’objet de tant de débats – stériles – ces derniers mois. Il n’a pas été assigné à résidence en vertu de l’état d’urgence, mais d’une décision du ministère de l’Intérieur en 2008, à sa sortie de prison. La Cour européenne des droits de l’homme ayant interdit son expulsion vers l’Algérie, compte tenu des risques de torture et de disparition, l’assignation est la solution qui a été retenue, sans limite de durée. Cela fait huit ans qu’il passe de villages en petites villes, déjà « déplacé » plusieurs fois sans préavis. Depuis 2011, Kamel Daoudi vit à Carmaux dans le Tarn, 14 kilomètres carrés, 10 000 habitants. Sa femme, une prof originaire de la Creuse convertie avant leur rencontre, l’a rejoint. La famille recomposée avec quatre enfants a acheté une maison, en cours de rénovation, dans un quartier tranquille.
Pour Kamel Daoudi, astreint à pointer trois fois par jour au commissariat de Carmaux - il y va à vélo - sans jamais quitter la commune, l’état d’urgence déclaré en novembre 2015 n’avait rien changé. À part ce camion de CRS, apparu devant sa maison, « concomitamment à la fuite de Merouane Benahmed le 8 septembre », et installé là depuis. Mais ce vendredi 30 septembre en début d’après-midi, dix policiers sont venus faire une perquisition administrative chez Kamel Daoudi. Ils n’ont ni cassé la porte, ni pointé leurs armes. « Tous portaient un gilet pare-balles, quatre d’entre eux étaient cagoulés », raconte l’intéressé, pour qui la perquisition s’est néanmoins « bien passée ». Sa femme et leurs enfants n’étaient pas là. « Ils m’ont demandé d’allumer mon ordinateur, Facebook, Twitter, ont fait des photos de mes mots de passe et de ce qui leur semblait suspect dans la maison, par exemple une calligraphie en arabe. » Ont demandé « si j’avais des armes, si je connaissais Merouane Benahmed ou des gens partis en Syrie ».

Dans l’ordre de perquisition dont Les Jours ont eu connaissance, le préfet du Tarn, Jean-Michel Mougard, invoque deux motifs. D’abord, «