Un mot, forgé et relayé par le président des États-Unis, a envahi réseaux sociaux et plateaux de télévision, devenant même un hashtag viral : « #Obamagate ». Depuis le 7 mai, Donald Trump consomme une grande partie de son temps sur Twitter et en interviews à dénoncer cet « Obamagate », néologisme forgé sur l’historique Watergate, scandale qui a englouti la présidence Nixon en 1974. Depuis, toutes les présidences ont connu leur « gate » : l’« Irangate » pour Reagan et Bush Sr de 1986 à 1992, le « Monicagate » pour Clinton en 1998-1999, le « Plamegate » pour Bush Jr en 2003-2005, jusqu’au « Russiagate » pour Trump depuis 2017. Toutes les présidences, sauf une : celle de Barack Obama. Mais le voici accusé par son successeur d’être rien moins qu’un criminel. À plusieurs reprises, Donald Trump l’a nommément désigné, ainsi que son ancien vice-président Joe Biden, comme s’étant rendus coupables d’un délit qui devrait les envoyer « en prison ». Mais à chacune de ses imprécations contre son prédécesseur, Donald Trump est avare de détails, se contentant de parler du « plus grand crime politique de l’histoire des États-Unis ». Que peut-il donc avoir à reprocher à celui qui l’a précédé ?
La date de début de propagation de l’« Obamagate » fournit un indice. Le 7 mai, le ministère de la Justice, dirigé par William P. Barr depuis février 2019, décide d’abandonner les poursuites contre le général Michael Flynn, ancien conseiller à la sécurité nationale du président Trump au tout début de son mandat. Le général a démissionné de ses fonctions auprès de Donald Trump le 13 février 2017, après avoir reconnu avoir fait des déclarations inexactes au vice-président Mike Pence quant à ses conversations avec des officiels russes et, en premier lieu, l’ambassadeur de Vladimir Poutine aux États-Unis, Sergueï Kisliak.
Le procureur spécial Robert Mueller reprend alors l’enquête menée par le ministère de la Justice et le FBI pour savoir s’il y a eu collusion entre la campagne Trump et la Russie