Le 22 août, à la veille de l’ouverture de la convention qui doit réinvestir Donald Trump comme son candidat présidentiel, le comité national républicain, l’instance qui chapeaute le parti, a pris une décision des plus étranges… et des plus marquantes. Contrairement à tous les usages historiques, il a décidé de ne pas adopter de nouvelle plateforme programmatique mais de conserver en l’état celle de 2016. Et le comité s’en remet entièrement, et « avec enthousiasme » (« enthusiastically »), au président Trump pour son second mandat. Cet effacement du parti derrière le sortant est une forte ironie de l’histoire, si on se souvient qu’il y a quatre ans la précédente convention républicaine avait vu un mouvement de « résistance », le « Never Trump », aller jusqu’à troubler par un tumulte chaotique l’ordonnancement millimétré de ces grands rassemblements unitaires. En 2020, le parti républicain est à ce point privatisé par Donald Trump que la liste des grands orateurs de la convention comporte, outre le Président, pas moins de cinq membres de sa propre famille ! Et Donald Trump lui-même, contrairement à la tradition contemporaine des deux grands partis, s’exprimera trois des quatre jours de la convention et non le dernier seulement.
Si on dépasse les seuls symboles, la lecture du programme de Donald Trump (à consulter ici sur son site officiel), auquel se résume désormais le contenu doctrinal du parti républicain, fait prendre conscience de la métamorphose qu’il a imposée en quatre ans à la formation de Ronald Reagan et des Bush père et fils. En cinquante points, il réaffirme l’« America first » (L’Amérique d’abord), reprenant la terminologie au président républicain Warren G. Harding qui a refusé l’entrée des États-Unis dans la Société des Nations en 1920 ainsi qu’aux isolationnistes de 1940 face à la montée en puissance du Japon et de l’Allemagne nazie. Donald Trump promet de nouveau de mettre fin aux déploiements militaires extérieurs interminables et de ramener les troupes états-uniennes à la maison, quand le parti républicain était encore dans les années 2000 le promoteur des interventions en Irak et en Afghanistan. En 2008, il y a à peine plus d’une décennie, le candidat présidentiel John McCain évoquait même une présence en Irak qui pourrait durer jusqu’à « cent ans » pour en assurer le développement démocratique.

Le programme de Donald Trump insiste aussi sur une restriction massive de l’immigration, tout nouvel immigrant devant être capable de s’assumer financièrement pour entrer dans le pays.