Le débat des primaires démocrates en Caroline du Sud a donné lieu ce mardi soir à un spectacle assez singulier, six des sept candidats présents sur l’estrade s’attaquant, à tour de rôle ou de concert, au septième, le sénateur du Vermont Bernie Sanders. Son crime ? À la fois politique et doctrinal. Bernie Sanders vient de remporter le vote populaire lors des trois premiers scrutins (Iowa, New Hampshire, Nevada). Il est donc désormais le front-runner (littéralement celui qui court devant, plutôt piquant pour l’excellent coureur de demi-fond que fut Bernie Sanders), c’est-à-dire le favori pour l’investiture présidentielle. Il était donc de « bonne politique » que ses rivaux s’acharnent sur lui afin de le rattraper, en particulier le milliardaire Michael Bloomberg, dont la candidature a pour seule finalité avouée de le faire chuter. Mais le contenu des attaques avait de quoi surprendre un non-initié de la vie politique états-unienne. Si certaines critiques ont mis en avant, de façon classique, la proximité ancienne
Cet étiquetage de Bernie Sanders comme « socialiste » n’est pourtant pas le fait de ses seuls adversaires. Comme il le dit lui-même en permanence, il est un « socialiste démocratique », ayant bien compris, dès 1981 et sa première élection à la mairie de Burlington, dans le Vermont, la charge négative induite depuis la guerre froide par le mot seul de « socialisme ». Il déclarait alors au Boston Globe après sa victoire : « Je me suis abstenu de me qualifier de “socialiste” car je ne veux pas passer la moitié de mon existence à expliquer que je ne suis pas favorable à l’Union soviétique ou au goulag. »

Depuis lors, dans sa carrière, Bernie Sanders essaie de définir ce que serait un « socialisme démocratique ». Car il l’a redit lui-même en octobre 2019, il n’est pas un tenant du capitalisme libéral : il souhaite amender le capitalisme par une révolution politique, impliquant une mobilisation démocratique populaire de masse lors de l’élection.