Depuis début avril, les États-Unis présidés par Donald Trump connaissent un phénomène politique peu répandu face à la propagation de l’épidémie de coronavirus : des manifestations populaires pour réclamer la fin des confinements stricts ordonnés par les gouverneurs des États et la reprise immédiate de l’économie. Apparues d’abord dans l’Ohio, dont le gouverneur Mike DeWine est pourtant un républicain conservateur, elles ont pris ensuite un tour plus partisan, ciblant essentiellement des États dirigés par des démocrates. L’« opération Gridlock » (paralysie) est d’abord menée le 15 avril dans le Michigan contre Gretchen Whitmer, possible colistière de Joe Biden, le candidat démocrate à la présidentielle en novembre prochain. Puis, des répliques ont lieu dans le Kentucky, en Virginie, en Caroline du Nord, en Pennsylvanie, dans le Colorado ou le Minnesota.
Ces manifestations paraissent d’autant plus étonnantes que les participants, brisant la distanciation sociale et le confinement contre lesquels ils protestent, prennent un risque indéniable pour leur santé. Le gouverneur très récemment élu du Kentucky, le jeune démocrate Andy Beshear, a ainsi annoncé dimanche dernier une remontée en flèche des contaminations au Covid-19 dans son État après plusieurs journées de protestation contre lui la semaine précédente. Les manifestants contreviennent aussi à la légalité et peuvent être interpellés et inculpés par les autorités locales

Le président de l’union fédérale que sont les États-Unis appelait donc des manifestants à désobéir aux autorités locales démocratiques et, encore plus étrange, à contrevenir aux propres directives de son gouvernement publiées la veille. Dans ces consignes, intitulées « Opening up America again », l’administration Trump laissait en effet aux gouverneur de chaque État le soin de déconfiner à leur rythme, précisant seulement les conditions très prudentes auxquelles ils pourraient le faire.