Albin de la Simone, Les Cent prochaines années (Tôt ou Tard, 2023)
Le temps a fait du bien à Albin de la Simone, lui qui est un chanteur timide, un interprète sur le bout des pieds depuis vingt ans déjà. Avec Les Cent prochaines années, il vient tranquillement de publier son meilleur album et d’affirmer encore un peu plus sa discrète présence dans la musique en français, entre l’héritage tradi-moderne d’Alain Souchon et une musique plus ouvertement savante qu’il manie avec parcimonie.
Albin de la Simone a longtemps été un chanteur par intermittence. Son vrai métier, c’était de faire de la musique pour d’autres : Vanessa Paradis, Vincent Delerm, Jean-Louis Aubert, Souchon lui-même, JP Nataf, Mathieu Boogaerts (lire l’épisode 82, « Mathieu Boogaerts et Nina Simone en échange linguistique ») ou Pomme sur Les Failles, l’album qui l’a révélée au grand public. En studio ou en fond de scène, il a été comme cela de beaucoup d’aventures souterraines ou très visibles, se moquant bien de l’ambition commerciale de la commande pour chaque fois y glisser sa façon d’être. Soit une musique sobre aux mélodies toujours intimes, faites de perpétuelles réminiscences enfantines qui serpentent sur une guitare, un piano et des orchestrations étouffées de cordes ou de cuivres. Parfois, il y a un groove de synthé timide qui pousse tout cela, mais la musique d’Albin de la Simone donne toujours l’impression de s’excuser d’être là, d’hésiter encore à venir nous importuner.