Manu Dibango, Electric Africa (Celluloid, 1985)
On l’aurait bien gardé avec nous encore de longues années joyeuses, mais, si la crise du coronavirus a fait quelque chose de vaguement positif, c’est d’offrir une sortie de star à Manu Dibango. Des honneurs radiophoniques et télévisés à rallonge, alors qu’il n’aurait probablement eu droit qu’à un petit sujet en passant si l’actualité avait été normale. Seulement voilà, le Camerounais Manu Dibango fut la première personnalité connue de tous, au moins de nom, à succomber à ce virus qui en emportera d’autres. On a donc pu revoir la vie d’un musicien qui aura tout tenté pendant une carrière débutée dans les années 1950 et dont on pourrait tirer 25 portes d’entrée valables. À commencer par le tube surprise Soul Makossa en 1972, qui était la face B de son hymne pour la Coupe d’Afrique des nations de football qui se jouait alors au Cameroun, avant d’être un peu oublié puis redécouvert par miracle par David Mancuso, grand DJ du New York branché du moment, qui en a fait un succès qui a changé la vie de Manu Dibango et de toute la pop africaine au passage. D’un coup, Soul Makossa a donné des moyens et une nouvelle aura au pianiste passé saxophoniste et chanteur, qui en a profité une grosse décennie plus tard pour faire fructifier ce filon américain dans un album qui compte parmi ses grandes réussites intemporelles : Electric Africa, sorti en 1984 sur le label français Celluloid.
Avant d’être un disque, Electric Africa est un bottin mondain de l’afrogroove du moment, où l’on trouve les pianistes américains Herbie Hancock et Bernie Worrell (clavier de Parliament-Funkadelic) aux synthétiseurs – dont