Le deuxième été le plus chaud depuis au moins 1900, trente-trois jours de vagues de chaleur en trois mois, des records de température pulvérisés (même en Bretagne), des canicules marines, des feux de forêt qui ont ravagé le Sud-Ouest (mais pas que), une sécheresse qui n’en finit plus… Le bilan dressé par Météo France est saignant. L’été 2022, avec ses événements extrêmes traumatisants, est emblématique des conséquences du changement climatique et préfigure les étés de demain. Aux catastrophes s’est ajoutée l’épée de Damoclès énergétique. Conséquence de la guerre en Ukraine, la Russie a menacé tout l’été de suspendre ses livraisons de gaz. Ajoutez au tableau l’arrêt de plusieurs centrales nucléaires d’EDF paralysées par des problèmes de corrosion et l’hypothèse d’un hiver rude, la coupe déborde déjà. Le 24 août, Emmanuel Macron a fait sa rentrée en annonçant « la fin de l’abondance ». Consommer moins d’énergie semble désormais indispensable pour passer l’hiver… et le XXIe siècle. Pour ne pas atteindre 2100 sur une planète réchauffée de 3 ou 4°C
Le mercredi 31 août, tout le gouvernement a été convié en séminaire à assister à la présentation de Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du groupe de travail numéro 1 du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Pas dupe des effets de com, la climatologue y croit : sur le changement climatique, il n’y a pas d’alternative, les politiques doivent acquérir des compétences, comme tout le monde.
Sous quelles modalités vous a-t-on demandé de présenter les enjeux climatiques actuels devant le gouvernement ?
J’étais d’accord sur le principe. J’ai su quelque jours avant que je disposais d’une demi-heure de présentation, suivie d’un temps d’échange. J’ai résumé l’état des connaissances scientifiques actuelles vis-à-vis du changement climatique et des risques associés, ce qui permet de situer cet été très dur dans un climat qui change du fait de l’influence humaine. J’ai ensuite mis l’accent sur les leviers d’action et les limites de l’adaptation à un climat qui change, ainsi que sur les leviers pour réduire fortement les rejets de gaz à effet de serre avec les enjeux de transition juste et les solutions qu’on appelle « fondées sur la nature », c’est-à-dire avec la biodiversité.

Les résumés à l’intention des décideurs des rapports du Giec sont facilement accessibles. Les ministres ont-ils réellement besoin d’une mise à niveau sur le climat ?