Prenez des entreprises qui polluent mais promettent de faire des efforts, des ONG qui les critiquent parce qu’elles ne font pas assez d’efforts, et réunissez le tout dans un endroit clos, par exemple le Bourget, pendant la COP21, où on parle pollution et climat. Normalement, cela devrait s’étriper, s’invectiver ou tout au moins dialoguer. Mais en fait, pas du tout. À de très rares exceptions près, entreprises et ONG n’ont pas débattu pendant la conférence sur le climat. Chaque camp a fait sa communication, dans son coin, à destination de l’opinion publique, mais sans prendre le risque de confronter son point de vue à celui de l’adversaire.
Exemple de cette communication parallèle, une drôle de coïncidence est survenue les 2 et 3 décembre. À 24 heures d’intervalle, EDF s’est vu décerner deux prix, l’un par un jury pro-entrepreneurial pour son engagement climatique, l’autre par des militants d’ONG pour son activité « climaticide ». Et sans qu’aucun des deux jurys ne fasse allusion au prix d’en face.
Premier prix à être remis, les trophées « solutions climats » sont décernés à des entreprises qui apportent les meilleures solutions en matière d’atténuation et d’adaptation aux dérèglements climatiques
. La sélection est censée être scientifique, le jury est présidé par Hervé Le Treut, climatologue reconnu et membre du GIEC. Mais la liste des organisateurs montre qui a intérêt à verdir l’image des entreprises.