Elhia fait des cauchemars. Elle en a toujours fait mais, depuis quelques mois, ils sont « plus prosaïques » : elle rêve qu’elle reçoit une notification du Monde annonçant un nouveau confinement. « Je ne rêve plus de perspectives lointaines », déplore l’étudiante marseillaise de 22 ans, pour qui une balade de trente minutes est devenue épuisante.
Romain se lève parce qu’il a deux enfants. Après les avoir accompagnés à l’école, l’auteur parisien se recouche. Range la maison. Le déjeuner arrive. La journée passe ainsi, sans énergie, avec le sentiment de frustration de ne pas avoir envoyé ce mail pour trouver du travail.
Samuel, lui, voit ses forces fluctuer de manière désordonnée depuis quelques mois. Il peut être énervé le soir avant de se coucher et à plat en pleine journée, « à cause de la tension nerveuse ». Sommeil et fatigue chez lui sont « passablement détraqués ». Il a pris du poids. Surtout, le naturaliste lyonnais, catholique, a perdu le sens de ce qui l’animait. Françoise aussi alterne les moments d’« abattement » et de « rébellion ». « Le soir, quand je vois les gens se précipiter pour rentrer chez eux avant le couvre-feu, je sens “pfou’’, ça m’angoisse. » Elle se dit aussi qu’il va lui falloir trouver de quoi s’occuper sans avoir à sortir jusqu’au lendemain matin. L’assistante sociale à la retraite du côté d’Étaples (Pas-de-Calais) fait de la sophrologie et du yoga dans ces cas-là.