Maladie, trouble organique, manière de déprimer, de vivre la vie d’un ou d’une autre, de nommer des émotions, de manquer de désir… Chacun a ses raisons d’être fatigué. Avec ou sans insomnie, avec ou sans travail éreintant, avec ou sans drame dans sa vie. La fatigue est un langage qu’il s’agit de décoder. Comme tous les langages, il a été appris. En famille, à l’école, en lisant, en regardant la télé, un peu partout. Des associations se sont forgées dans nos corps et dans nos têtes, vocabulaire propre à chacun : quand on dort peu, il faut récupérer ; il faut dormir neuf heures par nuit ; la fatigue est un gage de sérieux ; ceux qui ne veillent pas la nuit n’ont rien compris, etc. Entre vérités scientifiques et représentations qui finissent par s’ancrer et qu’il est difficile de faire évoluer. Pourtant, parfois ces associations sont dupées.
Elisa Frisaldi, généticienne et chercheuse en neurosciences au sein du groupe du professeur Fabrizio Benedetti, à la faculté de médecine de l’université de Turin, étudie l’effet placebo, cette situation dans laquelle ce qu’une personne croit ou attend
D’après mes lectures, la fatigue peut être provoquée par un travail ou des exercices physiques intenses, par certaines maladies, par des troubles du sommeil, mais peut également avoir pour origine des raisons psychologiques. Qu’en pensez-vous ?
La perception de la fatigue est subjective et il n’y a pas de consensus sur sa définition exacte. Concernant la fatigue et l’endurance physiques, une avancée majeure à leur compréhension a été faite au début du siècle. Des chercheurs ont émis l’idée d’un régulateur central de la fatigue. Ce régulateur réagit à des facteurs métaboliques et sensoriels