C’est elle qui a choisi le pseudonyme de « Mahsa », en hommage évident à Mahsa Jina Amini, jeune étudiante morte le 16 septembre dernier, trois jours après avoir été arrêtée pour « port de vêtements inappropriés », marquant le début d’une révolte inédite en Iran. « Mahsa », donc, nous écrit de Téhéran pour témoigner de ce qu’elle appelle une « révolution ». Chacun de ses messages aux « Jours » se termine par ces mêmes mots, devenus emblématiques du mouvement : #femmevieliberté. Voici le troisième.
«Le régime vient d’annoncer que la police enverrait désormais des SMS aux femmes qui ne portent pas le hijab au volant [en Iran, l’immatriculation est associée à un numéro de téléphone, ndlr] mais je n’ai encore rien reçu. Ces derniers jours, on entend qu’il y aura des arrestations et des procès expéditifs, voire des procès en ligne, avec des peines de dix ans de prison, des interdictions de sortie du pays, des coups de fouet pour celles qui enlèvent le hijab, mais les femmes continuent de ne pas le porter. C’est tout le visage de la ville qui a changé.
Moi, jusqu’à aujourd’hui, je n’ai eu aucun problème. Quand ils ont annoncé que les banques n’accepteraient plus les femmes non voilées, j’y suis allée sans hijab. Et le personnel était très sympa et montrait son soutien ; j’ai pu faire mes opérations sans souci.