«Un double cheese avec double cheddar, double steak, lance l’homme vêtu d’un hoodie Spiderman. Et allez, double cheddar sur les frites ! » Voilà un salarié de Canal+ prévoyant : vu comment tourne la baston sociale, autant prendre des forces. Car si le décor est le même depuis la dernière assemblée générale
Combien, dans l’assistance, ne seront plus là en 2020, une fois le plan social bouclé ? Un paquet, certainement, sur les 492 départs volontaires annoncés (plus 52 postes aujourd’hui vacants, soit au total 544 emplois supprimés). Car on voit, parmi les 150 à 200 personnes rassemblées, une grande majorité de quinquagénaires, voire de sexagénaires, beaucoup plus qu’en juillet dernier. C’est que, depuis l’annonce du plan, les salariés ont découvert qui était visé : les plus vieux. L’intersyndicale a ainsi dénombré, parmi les postes à supprimer, 110 qui sont occupés par des plus de 55 ans. Les vieux donc, et aussi ceux qui ont le plus d’ancienneté. 70 % des personnes concernées par le plan ont entre vingt et trente-sept ans de Canal+ derrière eux. Le message est clair : dehors les vieux, ouste le Canal historique, tant détesté par Vincent Bolloré, qu’il s’est ingénié à détruire consciencieusement depuis quatre ans. « Ce sont les gens qui ont fondé cette boîte », lance Jean-Marc Jeanneau de la CGT, derrière sa longue barbe grise. Et ils sont là, sur le parvis, au milieu des blocs de verre et de béton. « Je vois beaucoup de têtes qui ont participé à ce succès », remarque Laurent d’Auria, du syndicat maison (majoritaire) +Libres et secrétaire général du CSE. Qui ajoute : « Ceux en face, la direction, ont contribué à le détruire. »

Et c’est là que les négos ont achoppé vendredi dernier : le barème des départs. « C’est crucial d’avoir des barèmes respectueux », souligne Aude Couderc, de la CGC. Et là, le respect n’y est pas. La direction propose moins, bien moins que lors des précédents plans de départ. « 6 à 10 mois de différence avec Rennes », indique Aude Couderc, en référence à l’hémorragie survenue au centre de relations clients breton en 2017.