On ne sait si la France est la fille aînée de l’Église, mais le fiston chéri à sa maman, c’est sûr, c’est Vincent Bolloré. Au point d’avoir, à l’occasion de sa toute première aventure télévisée, Direct 8, en 2005, lancé Dieu merci !, émission on l’aura compris à base de bondieuseries. Au point de racheter l’hebdomadaire bien tradi France catholique en 2018. Au point d’offrir désormais à ses ouailles, jusqu’à il y a peu privées de messe pour cause de pandémie, En quête d’esprit sur la chaîne infos CNews, un rendez-vous dominical de cinquante minutes diffusé à 13 heures, où des messieurs habillés en noir avec des cols blancs et des pin’s en forme de croix discutent du petit Jésus.
Si, entre le beugloir populo de Pascal Praud augmenté de l’émission de Jean-Marc Morandini (où il laisse récemment dire à un de ses invités que le crachat est un « rituel religieux » chez les musulmans…) et la vitrine quotidienne d’Éric Zemmour avec vue sur le rance, CNews a pris une tournure des plus étonnantes, En quête d’esprit vient parachever le portrait. Celui d’une chaîne qui, bénéficiant gratuitement d’une autorisation d’émettre sur toute la France, déroule tranquillement l’idéologie la plus réac possible. Après, encore faut-il assumer, ce qui n’est pas le cas de la direction de la chaîne et de Canal+, sa maison-mère. La première d’En quête d’esprit, le 10 mai, n’a même pas été annoncée en interne, n’a pas été mise à disposition sur le replay de la chaîne et a été à peine promue du bout des lèvres sur Twitter en quelques mots laconiques : « Suivez, pendant une heure, votre nouveau rendez-vous hebdomadaire sur CNews, En quête d’esprit. » Enfin, c’était celle qu’on pensait être la première. Car en fait, selon nos informations, c’était la deuxième d’En quête d’esprit, la première ayant été diffusée en total loucedé le dimanche précédent, le 3 mai. Mais ne vous en faites pas, vos serviteurs des Jours ont récupéré et visionné tout ça. Priez pour nous…

Dès le générique d’En quête d’esprit, on a voulu se pincer pour y croire mais trop d’événements hallucinants intervenus dans la conquête de Canal+ par Vincent Bolloré ont déjà totalement scarifié nos corps endoloris. Des vitraux, des cierges, oui, des cierges, des mains qui se joignent pour prier et s’ouvrent pour accueillir le téléspectateur, le tout sur fond de grandes orgues d’église. On s’est quand même pincé, aïe. Mais voilà le grand ordonnateur de l’émission, Aymeric Pourbaix.