C’est spécialement en pensant à lui que cette commission d’enquête sénatoriale sur la concentration dans les médias a été créée et le voilà. Pour un peu, la surface de l’eau dans les verres des sénateurs se riderait au rythme de son pas vers la salle Clemenceau qui accueille son audition. L’ogre d’Ergué-Gabéric (son fief familial breton), l’Attila de l’information (là où il passe, CNews pousse), le Godzilla des médias, mesdames-messieurs, Vincent Bolloré. L’homme est taiseux, ses interviews dans la presse rarissimes et ses interventions publiques également ; il va parler, enfin. Ah et un détail, Vincent Bolloré ne doit pas mentir. On ne raconte pas de craques au Sénat, c’est interdit par la loi et ça peut aller jusqu’à sept ans de prison et 100 000 euros d’amende. Le président de la commission, le sénateur centriste Laurent Lafon, a même bégayé devant l’enjeu, évoquant, face à Vincent Bolloré, « l’empereur », plutôt que « l’ampleur » prise par son groupe dans les médias…
Mais en face, c’est un semi-retraité qui s’est présenté, un inoffensif papy, tout juste s’il n’est venu avec son plaid et ses pantoufles et n’a pas demandé qu’on lui installe un fauteuil Everstyl, celui où on peut remonter les pieds avec un petit moteur et se chauffer les reins. Pensez-vous,