«Qu’est-ce que j’ai cassé encore ? » C’est un Guillaume Meurice pas mécontent de lui qui accueille Les Jours aux Ondes, le café en face de Radio France où vient d’être diffusé, sur France Inter, C’est encore nous, l’émission de Charline Vanhoenacker à laquelle il participe. Mais l’humoriste n’a rien cassé, ni rien fait d’ailleurs, ou si peu. Une petite blague de rien du tout dans un dictionnaire, Le Fin Mot de l’histoire de France en 200 expressions : à chaque expression décryptée par sa coautrice Nathalie Gendrot, Meurice place un bon mot, « une blagounette », dit-il. À l’entrée « Faire long feu », il a ajouté : « Expression remplacée aujourd’hui par “révéler sur Canal + les malversations de Vincent Bolloré”. » Ainsi que le dévoilait Le Monde la semaine dernière, à quelques jours de sa sortie, la parution été annulée et le livre même pas imprimé. En cause, le trait sur Bolloré ainsi que, avance à Guillaume Meurice son éditeur Charles Bimbenet, directeur des éditions Le Robert, six autres vannes se moquant de Louboutin, Deliveroo, Dassault ou encore Monsanto. Car Le Robert est détenu par Éditis, le groupe d’édition qui appartient aujourd’hui, via Vivendi, à Vincent Bolloré. « Il a été décidé de suspendre sa parution », écrit l’éditeur à l’humoriste, invoquant un risque de « contentieux ». Avec qui donc ? Vincent Bolloré, bien sûr.
Alors après i-Télé, Les Guignols, Le Zapping, Stéphane Guy, la rédaction d’Europe 1, après Bruno Jeudy, voilà donc la nouvelle victime de Vincent Bolloré…
Ayé, c’est moi, dans la grande histoire de la censure : Baudelaire, Brassens, Meurice !
On en tire une certaine fierté ou pas ?
Eh bien, un peu d’étonnement quand même. Il y a deux choses : je m’aperçois à quel point ces gens-là sont susceptibles et fragiles et à quel point ils sont violents et sans scrupules. En fait, moi, ça ne me déplaît pas ce genre de moment, parce que ça permet à tout le monde de se positionner. Comme la ministre de la Culture qui a été interrogée, et elle a été obligée de tortiller du cul pour avouer que « quand même c’est pas cool, mais quand même je suis inutile donc je vais rien pouvoir faire »… Ce qui me plaît là-dedans, je ne veux pas faire de grands discours, mais Deleuze appelait ça de la microrésistance. À mon petit niveau merdique d’humoriste, je dis : « Non, non, ça ne passera pas par moi, ton délire. » Parce que ce sont des chaînes de pression : tu fais pression sur machin qui fait pression sur machin jusqu’à faire pression sur moi.