Vos serviteurs parlent trop, bien trop, de Vincent Bolloré et pas assez de son fils Yannick. L’homme qu’on dirait, avec son air décavé, son cheveu en pétard, son bronzage éternel et ses bracelets au poignet, en permanence sorti d’une soirée mousse au Macumba, est pourtant le patron officiel de Vivendi. Rien moins que le président de son conseil de surveillance, quand son daron ne porte désormais plus dans l’organigramme que le titre de « censeur ». Certes, c’est pour la galerie car Vincent Bolloré continue de tout diriger, mais pour la photo, c’est Yannick qu’on sort. Ainsi le 1er juin 2021, venu sans cravate et en terrain nouvellement conquis chez le groupe de presse Prisma tout juste racheté par Vivendi, Yannick Bolloré l’a assuré aux salariés : « Il y trois composantes du succès pour la presse magazine : le premier, c’est la force de la marque ; le deuxième, c’est la qualité du contenu rédactionnel ; les journalistes. J’aurais dû le mettre en premier. C’est quelque chose qui nous est très cher, d’investir dans des talents en contenu. » Un an et demi plus tard, l’investissement est parfaitement réussi : 174 des 395 journalistes en CDI chez Prisma, ainsi que 52 pigistes, ont préféré prendre la tangente plutôt que d’intégrer l’empire Bolloré.
Dans une vidéo tournée depuis un décor de télé-achat ou d’Hélène et les garçons, Yannick, accompagné d’Arnaud de Puyfontaine, factotum du père et du fils, est donc venu le 1er juin 2021 « souhaiter la bienvenue » aux salariés de Prisma, se disant « très excité de [les] savoir membres de la famille Vivendi ».