Une chaîne info est en grève depuis bientôt une semaine. Il s’en fout. Une ministre de la Culture gronde. Il s’en fout. Une autorité de régulation de l’audiovisuel tance. Il s’en fout. Un président de la République qui veut, selon les informations des Jours, « soutenir » les grévistes. Il s’en fout. En fond d’écran, un animateur crapoteux mis en examen pour corruption de mineurs, présente une émission, le seul programme frais, si on ose s’exprimer ainsi, à l’antenne depuis lundi. Ça, il ne s’en fout pas. On aura reconnu, par ordre d’apparition, i-Télé, Audrey Azoulay, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), François Hollande, Jean-Marc Morandini. Et «il», bien sûr, c’est Vincent Bolloré, le héros de votre série la plus haletante du moment : L’empire. La plus haletante, la plus grotesque, la plus folle, la plus triste aussi. Ce vendredi, la grève d’i-Télé a été reconduite pour le week-end : Bolloré s’en fout carrément.
Jeudi, la situation semblait pourtant doucement évoluer, une réunion de conciliation avait eu lieu mais ce vendredi, la rédaction d’i-Télé s’est mangée le mur Bolloré en pleine face. Ecarter Jean-Marc Morandini de l’antenne ? C’est non. Que le directeur de la chaîne, Serge Nedjar, ne cumule pas son poste avec celui de directeur de la rédaction ? Dans vos rêves. Une charte d’éthique ? Hahaha. Un accord de départ collectif ? T’as qu’à croire.
Le message c’était : “Vous croyez que vous nous faites peur avec votre grève ? Non. On est même prêts à repousser le lancement de CNews.”
Une journaliste résume : « Le message c’était : “vous croyez que vous nous faites peur avec votre grève ? Non. On est même prêts à repousser le lancement de CNews.” » Car oui, le directeur d’i-Télé Serge Nedjar a annoncé lors de la réunion, vendredi à la mi-journée, avec les représentants des journalistes et les élus que le lancement de CNews prévu pour lundi était repoussé, « tant qu’on ne peut pas travailler dans des conditions sereines ». La faute aux méchants grévistes.