Il faudrait le talent de miniaturiste d’une Jane Austen, posséder sa sensibilité, son sens du vulgaire pour rendre compte avec le ciselé nécessaire de ce qu’il advient d’i-Télé un mois et demi après la fin de la grève. Disséquer, façon médecin légiste, avec des mots comme autant de scalpels ce qui reste de cette chaîne dite d’info dite en continu où chaque jour apporte son lot d’anecdotes navrantes. La dernière en date, dans une i-Télé vidée de 98 de ses salariés, c’est une arrivée : selon nos informations, la chaîne est en train de recruter Patrick Poivre d’Arvor. Oui, oui, vous avez bien lu : PPDA.
À 69 ans, l’ancienne star du 20 heures de TF1 pourrait en effet rejoindre la poignée de vieilles gloires dont i-Télé semble vouloir faire la vitrine de son nouvel avatar, CNews. Il y a Jean-Marc Morandini, bien sûr ; il y a les frères Bodganoff envisagés pour présenter une émission scientifique (enfin, scientifique à la manière des jumeaux chelous) et il y a l’arrivée attendue de Jean-Pierre Elkabbach, 79 ans, exfiltré de l’interview politique quotidienne d’une Europe 1 en plein ravalement.

Mercredi dernier, PPDA, qui présente depuis 2014 une tranche d’info sur Radio Classique, était à i-Télé, reçu par son directeur Serge Nedjar au vu et au su de toute la rédaction, du moins ce qu’il en reste, moins d’une trentaine de personnes. L’ex-icône électroménagère de TF1 ne prendrait pas un poste de présentateur mais celui d’un débatteur. L’émission pourrait être animée par Virginie Chomicki, fantomatique numéro deux de la chaîne, le samedi ou le dimanche en début de soirée. Elle verrait, sur des thèmes d’actualité, notre PPDA national se confronter à une autre recrue, l’ancien présentateur des JT de 13 heures de France 2 Rachid Arhab, un jeunot cette fois (61 ans seulement). La période de purgatoire de ce dernier arrive à son terme : membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de 2007 à janvier 2013, Rachid Arhab ne pouvait exercer à la télé ou à la radio pendant trois ans. Il confirme aux Jours « continuer de discuter » avec i-Télé sans préciser la teneur des discussions, tandis que PPDA n’a pas donné suite à nos appels.
Si, en termes de salaire, un PPDA vaut plusieurs journalistes d’i-Télé, les remplacements, eux, n’avancent toujours pas. Selon le dernier décompte, 98 personnes sont parties ou s’apprêtent à le faire : 76 CDI, 9 CDD et 13 pigistes.