Rennes, envoyés spéciaux
Au sol, le sigle Canal+ s’écaille un peu. En blanc sur bitume noir, le fameux logo en police de caractère Futura bold dessiné par Étienne Robial orne chaque place de parking du Centre de relation clients (CRC) de Rennes. Hormis l’autocollant « GRD » – de l’émission Groland – sur une vieille Renault 5 constellée de stickers, c’est le seul indice de la chaîne, du groupe, de l’empire. Pour le reste, c’est un de ces bâtiments parallélépipédiques qui fleurissent au bord des villes, entre voie ferrée aux trains klaxonnant et vague zone commerciale : peinture beigeasse, massifs caillouteux plantés d’increvables herbes de la pampa, vitres fumées qui reflètent de piètres arbres. Au travers desquelles on distingue des plafonniers qui nous ramènent à nos années lycée, mais on n’en verra pas plus : ici, on n’entre pas.
Le député d’Île-et-Vilaine Florian Bachelier (La République en marche) s’y est d’ailleurs cassé les dents : invité par les syndicats à venir visiter les salariés en colère contre le plan social qui les frappe, il s’est vu interdire l’entrée par la direction du centre d’appels. Un coup de fil au président de Canal+ plus tard, direct, les portes s’ouvraient. Mais pas pour Les Jours, alors c’est sur le parking qu’on parle. Ils sont techniciens, ils sont conseillers, ils font partie du service « satis » – pour « satisfaction » –, du service « résiliations » ou alors de « l’UCS », pour « unité courriers sensibles ». « … et VIP ! », ajoute une salariée qui tient à la précision.
Et, ce jeudi, ils votent : oui ou non, les syndicats doivent-ils signer l’accord « Flex » (pour flexibilité), qui verra leurs vies se calquer à celle du centre d’appels, leurs horaires, leur temps de pause aussi, leurs jours de repos qu’ils ne pourront plus choisir ? Cet accord qu’ils ont combattu depuis début septembre, à coups de débrayages quotidiens.