Tous les soirs à 18 heures, les dalles grises de la place de la République à Paris se couvrent d’hommes et de femmes assis en tailleur, à même le sol ou sur un coin de K-way. Ils regardent vers la tribune, protégée de la pluie par de grandes bâches bleues qui prennent le vent comme des voiles et retombent sur les têtes. Les orateurs se succèdent au micro. Plus ou moins doués, plus ou moins respectueux des deux minutes imparties à chacun.
L’assemblée générale, moment fédérateur de la Nuit debout, s’éternise plusieurs heures tandis que, tout autour, d’autres activités suivent leur cours. Ceux qui ne font que prêter l’oreille tiennent à rester debout sur les bords, pour ne pas se retrouver capturés. C’est ce que je fais aussi, d’habitude. Jusqu’à ce jeudi où j’ai décidé de m’asseoir dans le cercle – une raquette, plutôt – d’où l’on n’entend presque plus la circulation incessante de la place. À quoi ça ressemble, une AG suivie de bout en bout ?
À ma droite, trois garçons se posent avec un pack de bières et m’en tendent une. Ils s’interrogent sur le fonctionnement de Periscope, l’application qui permet de diffuser de la vidéo en live, puis sur ce cahier de notes que je tiens sur mes genoux. Hasard de la Nuit debout, mon voisin travaille au Nouveau Détective (mais vient pour le plaisir). Il est très impressionné par celui qu’il appelle