Au départ, Amélie était persuadée d’avoir reçu une balle de flashball
en plein visage. Moins catégorique depuis que la « police des polices » lui a mis le doute, la jeune femme de 25 ans, employée du secteur public, reste toutefois certaine que le projectile qui lui a cassé le nez venait des CRS
. Elle a porté plainte à l’IGPN (Inspection générale de la police nationale).
Samedi 9 avril dans l’après-midi, Amélie rejoint le cortège parisien contre la loi El Khomri à Bastille et défile avec deux amis. Ils arrivent place de la Nation dans les premiers
vers 16h30 et voient la place se remplir peu à peu
. C’est à ce moment-là que les CRS ont essayé de virer des manifestants d’un kiosque
, raconte-t-elle, entre le boulevard Diderot et l’avenue Dorian. Les affrontements commencent quand une vingtaine de policiers perchés sur un talus essuient des projectiles et sont contraints de se replier devant le lycée Arago, dans le XIIe arrondissement.
Je me sens un peu imprudente de m’être approchée autant, mais je viens toujours de façon pacifique, je ne pensais pas que ça pouvait m’arriver.
Comme des dizaines d’autres manifestants, Amélie s’approche pour essayer de voir ce qui se passe, sans être trop près
et grimpe sur l’un des terre-pleins, près de l’avenue Fabre-d’Églantine. D’en haut, elle a face à elle une vue imprenable sur la ligne de CRS, et la ligne de manifestants qui jetaient des trucs derrière
quand elle reçoit un objet en plein visage. J’ai eu un recul et une douleur extrêmement violente, j’étais sonnée. Très vite, j’ai énormément saigné du nez, je ne voyais plus rien.
Le temps de descendre du talus, Amélie est prise en charge
par ses amis et un autre manifestant qui l’emmènent dans une pharmacie.