Depuis 2011, le collectif à géométrie variable Mauvaise Troupe rassemble une dizaine de militants hors partis, hors syndicats, mais politiquement situés. Ils gravitent autour de Notre-Dame-des-Landes et certains d’entre eux y vivent. Pendant la décennie précédente, ils ont pris part au mouvement altermondialiste, au combat contre le CPE, à des squats partout en France.
Ils ne sont ni journalistes, ni sociologues, ni historiens, et se définissent en partie par cette opposition. Ensemble, ils ont pourtant mené des centaines d’entretiens et sorti deux livres.
Le premier, Constellations (publié en mai 2014), revient sur les trajectoires révolutionnaires du jeune XXIe siècle
à travers des récits de l’intérieur, des échanges épistolaires, des textes tantôt pragmatiques, tantôt littéraires. Les témoins engagés d’une époque racontent leur expérience : comment ils ont créé un média alternatif, se sont impliqués dans un jardin autogéré ou un collectif de hackers, pourquoi ils ont appris à construire des murs en pierre sèche… Le deuxième ouvrage, Contrées, vient de sortir. Il met en parallèle deux espaces de contestation des « grands projets inutiles » : l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et la ligne à grande vitesse Lyon-Turin, combattue en Italie par le mouvement « No-TAV ». Un peu plus tôt cette année, alors que la Mauvaise Troupe travaillait encore sur Contrées, les menaces d’expulsion de la ZAD lui ont inspiré un tout petit manifeste, Défendre la ZAD.
L’imaginaire de la ZAD s’est transmis : la capacité à relever la tête, l’idée qu’il est légitime de ne pas se laisser faire.
À travers ce foisonnement de récits biographiques qui se croisent et se répondent, la Mauvaise Troupe dessine une génération politique
et s’interroge sur ce que pourrait être, aujourd’hui, un horizon révolutionnaire.