Dans les couloirs du métro République, quelqu’un a tagué Meat is Murder
et Go Vegan
sur les pubs KFC spécial Euro 2016. La grande entrée, au milieu de la place, est fermée depuis que des manifestants y ont allumé un feu, le 1er mai. Des sacs poubelle s’entassent contre la sortie rue du Faubourg du Temple, comme pour rappeler que les centres de traitement des déchets, eux aussi, sont bloqués (lire l’épisode 23, « La CGT veut être la poubelle pour aller bloquer »).
Et ils en sont où, à Nuit debout ?
, me demandent à intervalles réguliers les copains des Jours. Ces derniers temps, la direction du renseignement de la préfecture de police comptait 150 à 200 personnes par soir. La police ne prend même plus la peine de garer ses camions sur les flancs de la place.
Nous sommes le 100 mars et à la fontaine d’eau potable, une jeune femme rince des aubergines dans une cocotte-minute. Il est 19h30. L’assemblée quotidienne réunit une centaine de personnes, assises par terre, qui ont largement la place d’étendre leurs jambes. Une autre centaine gravite autour. Il y avait encore moins de monde le samedi d’avant, vers 21h30, tandis que quai de Valmy, à quelques dizaines de mètres, la manifestation antifasciste en mémoire de Clément Méric se terminait dans une nasse policière.

Rien à voir avec les milliers de participants quotidiens du 31 mars jusqu’au début du mois de mai. Les personnages récurrents de cette série nous confiaient déjà, il y a un mois (lire l’épisode 19, « Combat à durée indéterminée »), qu’ils avaient du mal à se rendre régulièrement place de la République, pris par le boulot et les mobilisations dans d’autres lieux.
L’AG a perdu en densité et en concentration. Un mec d’une trentaine d’années, en T-shirt bordeaux, parle de sobriété énergétique devant une assistance qui discute par petits groupes. Un plus âgé, visiblement usé par la galère, appelle à une plus grande solidarité avec les sans-logis. La commission « accueil et sérénité » répète qu’elle a besoin de volontaires pour continuer à faire de la médiation sans être dans le répressif
. Un rendez-vous est donné à 22h30 pour aller éteindre des enseignes lumineuses de magasins. Deux antispécistes accompagnés d’un ami non-humain - un joli chien noir frisé - parlent d’une dégustation culinaire d’alimentation vegan retransmise sur Periscope. Là, ça va trop loin, on repart arpenter les bords de la place.
Il faut être honnête, les gestes, les discours et les habitudes commencent à être lassants.