Mahmoud Jaamour a mis une veste. Elle lui sied à merveille. Il sourit au compliment et ajoute : C’est une date très importante dans ma vie.
Le 26 juillet, après cinq mois d’attente en Grèce, la famille Jaamour, qui a fui la Syrie en février dernier, a été convoquée pour une nouvelle étape dans sa procédure de « relocalisation » en France, à l’Ofpra. L’Office français de protection des réfugiés et apatrides dispose d’un bureau à Athènes pour auditionner les futurs réfugiés. Le jour de l’entretien des Jaamour, pendant que Mahmoud et son fils aîné sont passés au crible des questions, à quelques milliers de kilomètres d’Athènes, une prise d’otage a lieu dans l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray. Un prêtre est égorgé, les deux assaillants sont abattus. L’État islamique revendique l’attentat. Je suis désolé
, glisse Mahmoud, le visage tendu et l’air dépité, quand il découvre la nouvelle. Depuis leur hôtel à Athènes, les Jaamour suivent les informations et constatent, impuissants, que la liste des atrocités s’allonge en Syrie, mais aussi en Europe. En commettant ces actes barbares, ils s’en prennent aussi aux réfugiés, indirectement ; nous sommes partis à cause d’eux, et ils nous nuisent même ici. C’est comme s’ils nous poursuivaient !
, s’indigne Tammam, le soir, après l’éprouvante journée d’entretiens. La France reste cependant pour les Jaamour un pays de paix
. Ils espèrent que bientôt, ils pourront obtenir le feu vert et s‘y stabiliser. Enfin.
Depuis quelques jours, la pression montait.